Si la Nike Dunk SB n’avait pas existé, à quoi ressemblerait le sneaker game aujourd’hui ? Certainement pas à celui que vous connaissez. L’introduction du modèle 15 ans auparavant se traduit par des bouleversements. La première partie du dossier retrace les moments clés de sa jeune histoire faite de hauts et de bas.
Nike met du temps avant de mettre sur pied sa division skateboarding. Durant les années 70, la firme de l’Oregon se préoccupe davantage du marché de la running. A la différence de Vans, elle ne possède aucun modèle spécialement créé pour les skateurs. Ces derniers font avec l’offre existante. Ils ne s’approprient pas la star de l’époque la Cortez mais plutôt des silhouettes comme les Bruin, All Court et Nike Blazer. Lance Mountain, figure éminente de la scène skate, commence à porter la sneaker de basketball dès 1978. Les fondations de Nike SB sont posées en 1985 avec l’arrivée de 2 mastodontes. La première, la Nike Dunk, dispose d’une structure parfaite pour la pratique du skate. Les amateurs de planche à roulettes jettent leur dévolu sur la Air Jordan 1 qui a l’avantage de posséder un système d’amorti ‘Nike Air’. Elle finit en solde 2 ans plus tard à cause du lancement de la Air Jordan 2, ce qui accroît l’intérêt de ces derniers pour la première signature shoe de His Airness. 20 dollars la paire, c’est le meilleur rapport qualité/prix du marché. Nike saura se souvenir de leur intérêt pour la marque au Jumpman en créant 30 ans plus tard une Nike SB Jordan.
La firme de l’Oregon s’intéresse de plus en plus au skateboarding. Pourquoi le leader mondial du sportswear n’ajouterait-il pas une corde à son arc ? Les débuts ne sont pas simples. Les années 90 sont celles de l’expérimentation et des échecs. Nike commet un péché d’orgueil en pensant que le skater est une cible facile à atteindre. Une campagne marketing foireuse, une sous-estimation des marques de skate des skaters. Voilà autant d’écueils dans lesquels Nike tombe. Il peine à séduire une communauté dont les codes lui échappent. En 2000, L’hideuse Nike Ovidian sort, une paire 3 en 1. Un fail total ! Ce n’est pas Savior, une marque de skate originaire de Portland rachetée par Nike qui change la donne. Matt Parker se fâche. Sandy Bodecker, un ancien de la maison, chapote le tout. L’homme qui intègre la firme de l’Oregon en 1982, parvient à imposer Nike SB grâce à une stratégie bien rodée. Il opte pour une distribution sélective. Les baskets sont vendues uniquement dans les shops de skate. Un team regroupant des icônes du milieu voit le jour. Dès 2002, des personnalités comme Danny Suppa et Reese Forbes imaginent leur propre Nike Dunk. La firme de Beaverton assoit sa légitimité. Une petite dose de hype grâce à des collaborations impliquant Supreme NYC achève de transformer la division skateboarding en machine à succès. L’attrait pour la Nike Dunk SB dépasse très largement le cercle des simples skaters. La fièvre touche les sneakerheads. Elle ne manque pas de créativité (les éditions Hulk, Jedi, Homer…). Les coloris qui surfent avec la loi (Tiffany, Heineken) renforcent sa subversivité, un aspect auquel les amoureux de la basket sont très sensibles. Un hypebeast ne peut rêver de mieux pour mettre en valeur son hoodie Supreme. Les éditions ultra-limitées sont une source de revenu non négligeable pour les resellers. Tout le monde y trouve son compte. Un peu trop même. La ‘Pigeon’ de Jeff Staple provoque des émeutes. Les premières de l’histoire de la basket.
De 2002 jusqu’à aujourd’hui, la Nike Dunk SB change 8 fois de boîte. Chaque boîte correspond à une époque. Son âge d’or débute avec l’Orange Box, en passant par les Silver, Pink et Black. La Gold Box (2007), celle de la mythique ‘What The Dunk’, marque son apogée. La hype ‘Nike Dunk SB’ s’effrite peu à peu. Le modèle qui à tant fait rêver est en voie de normalisation. Toutes les bonnes choses ont une fin, non ? L’esprit créatif du début des années 2000 s’éteint. Il y a parfois des soubresauts comme les collabs portant la signature de Concepts ou Black Sheep. Le constat est sans appel. Les fans sont déjà passés à autre chose. Une fin de cycle quoi. On retiendra néanmoins que la Nike Dunk SB a fortement contribué à façonner le sneaker game tel qu’il est de nos jours. C’est déjà pas mal.
Photo de la couverture : @jsteaze
Source : Sneaker Freaker