[L’édito] L’irresistible ascension des sites spécialisés dans la revente et d’achat de sneakers

En 2015, j’affirmais que l’Hexagone était enfin prête à accueillir un dépôt vente de baskets d’envergure. 4 ans plus tard, plusieurs ont vu le jour. Larry Deadstock, Sneakers Heat et We The New, pour ne citer que les spécialistes les plus connus de l’achat/vente en France. L’époque où les fans revendaient leurs paires en passant exclusivement par ebay ou des forums, semble appartenir à un autre temps. Le phénomène ne se circonscrit pas à nos contrées. Au niveau Européen, Klekt fait figure de leader. On change de dimension lorsque StockX, GOAT et Stadium Goods, 3 poids lourds américains, entrent en scène.

Les marques comme point de départ du phénomène

Comment en sommes nous arrivés là ? Depuis des années, les marques ne cessent d’abreuver le marché de collaborations et autres éditions limitées. Leur quantité est volontairement sous estimée de manière à booster la hype. La pénurie organisée s’avère être une technique redoutable aboutissant à la création d’une d’addiction. Les fans ont beau pester mais ils n’hésitent pas à retenter leur chance après un gros « L » lors d’un tirage au sort.
Le marché de la revente est porté par « des produits stars ». Pendant longtemps, les Jordan l’ont alimenté. Depuis environ 2 ans, le Jumpman fait beaucoup moins rêver. A part quelques éditions spéciales telles que la Union x Air Jordan 1, les cotes ne flambent plus d’où la perte d’intérêt des revendeurs. Les Adidas Yeezy ont repris le flambeau bien que la tendance soit à une baisse de leur valeur. Pour cause, le géant allemand a mis un coup à ce business en accélérant les restocks.

Un essor dopé par le marché du resell

Cet essor est tiré par l’explosion d’un marché du resell en perpétuelle croissance. Que représente t-il aujourd’hui ? Nous n’avons que des estimations. Une partie des transactions échappe aux statistiques. Imaginons que vous revendiez une paire à une de vos connaissances. La transaction ne pourra pas être prise en considération. C’est pourquoi les montants avancés doivent être pris avec des pincettes. Les optimistes tablent sur un chiffre d’1 milliard de dollars tandis que les plus prudents préfèrent établir une fourchette oscillant entre 300 et 500 millions de dollars. Quoi qu’en disent certains, le marché secondaire n’est qu’une goutte d’eau dans les ventes totales de sneakers qui atteignent les 100 milliards de dollars au niveau mondial.

Un business où chacun veut sa part du gâteau

Dès 2015, je parlais d’une maturité du client. Aujourd’hui, on est face à une nouvelle génération de sneakers addict. Je ne vais pas opposer les anciens et les nouveaux. Ils ont grandi avec le net et réseaux sociaux. Les réticences ainsi que les appréhensions de leurs prédécesseurs leurs sont étrangères.
Une sortie ratée puis on passe à autre chose ? Les événements ne se déroulent pas comme ça. Beaucoup de gens ne supportent pas la frustration. Ainsi, ils sont prêts à payer un tarif élevé pour acquérir le modèle de leur rêve. De l’autre côté, des personnes voient qu’ils peuvent doubler, tripler voire quadrupler le prix de détail. La passion pour les baskets est vite reléguer au second plan devant la culbute réalisable. Le marché étant très lucratif, chacun veut sa part du gâteau. La « discipline » s’est largement démocratisée. Aujourd’hui n’importe qui peut revendre sa paire pourvu qu’il réussisse à remporter une raffle. Les resellers ont longtemps traîné une image détestable. Ces derniers doivent rire jaune à la vue de ce spectacle.

ebay, le grand perdant de l’histoire

ebay n’est pas mort. Cependant, l’apparition des plateformes lui a fait très mal. Il fut longtemps « the place to be » pour acheter et revendre des sneakers. Le géant américain reste un généraliste et ne peut contrôler tous les produits en vente. La présence de contrefaçons a toujours été un gros souci avec ebay. Le service client n’a jamais été son fort non plus. Or, les marketplaces tentent de rassurer au max les gens. Elles cultivent l’image de véritables spécialistes en proposant une offre bien ciblée alors qu’ebay est un grand fourre tout. L’authenticité des baskets est garantie grâce à un contrôle par leur soin de chaque paire vendue. Ce point est fondamental car il permet de créer un sentiment de confiance.

Le business de l’achat et de revente de sneaker est précaire. Il est assujetti aux agissements des marques qui ouvrent ou ferme le robinet à leur guise. Les géants du sportswear l’alimentent aujourd’hui mais ils pourront très bien le restreindre demain.
Les tenants d’une certaine forme de romantisme ne se reconnaissent pas dans cet aspect du sneaker game devenue une énorme machine à cash. Ils versent dans le « c’était mieux avant ». Leur nostalgie demeure compréhensible. On peut penser ce qu’ont veut des plateformes qui permettent d’acheter et revendre des baskets. Elles ne sont pas la cause de cette évolution mais plutôt la conséquence.

Source : Highsnobiety

Photo de la couverture : @k6k2k

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3 commentaires

  1. Super édito. Comme d’habitude. Je vais souvent sur r/sneakers et quand je vois les membres qui « collectionnent » depuis seulement 1an afficher leur sneakers wheel de dingo on voit que frustration ne fait pas partie de leur vocabulaire. Le besoin d’appartenance coûte cher.

  2. Bel article, yes.

    Ce qui m’embête le plus avec ces sites spécialisés dans le resell, c’est qu’ils faussent aussi un peu le marché de l’occasion (ou de l’occaneuf) car certains particuliers se basent sur les tarifs de ces sites pour établir les leurs ensuite (en se rajoutant souvent encore une petite marge). Et on arrive au final à des prix complètement délirants et non justifiés…

    Et ceux qui vendent à prix exorbitants sont aussi souvent ceux avec qui le feeling est le moins bon. On sent peu de passion derrière…

    Perso, je me fixe une règle : mes prix maxi, que ce soit d’achat ou revente, sont les prix retail. Quand je vend, je ne cherche pas à faire de marge. L’objectif principal est de vendre une paire que je ne mets pas pour libérer de la place pour une autre ET de faire plaisir à quelqu’un. Par contre, je fais le tri dans mes acheteurs potentiels. Quand j’achète, je rate du coup forcément des paires que je ne recroiserai ptet pas, mais je n’ai pas envie d’enrichir une personne qui se fera de la gratte sur mon dos, voir qui se fout de ma G….

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