La Nike Air Max Plus Burberry : le fake devenu collector

La Nike Air Max Plus Burberry est un fake. Oui mais pas n’importe quelle contrefaçon. Au moment de sa sortie, la Requin qui reproduit le print scottish de la marque anglaise est un ovni. Une étrangeté capable de faire mourir de jalousie le génial Dapper Dan, l’homme qui a vu avant tout le monde la connexion entre le streetwear et l’univers du luxe. Un peu d’histoire s’impose pour connaître la route sinueuse empruntée par le modèle afin de devenir « une pièce de collection ».
A la fin des années 2000, les Français sont en attente d’une successeure à la Big Window, la plus frenchy des Air Max. Nike exauce leur souhait en sortant la Air Max Plus. Une paire vite rebaptisée Requin à cause de sa partie avant en forme de museau de squale et de son dégradé. Il y a d’autres surnom comme la Dauphin mais Requin est plus percutant. Entre nous, le nom traduit parfaitement le phénomène de société auquel on assiste. La Air Tuned est un prédateur qui déchiquette tout sur son passage. C’est la terreur des cours d’école. Les gens prennent une claque à chaque nouveau coloris. Le paysage n’est pas aussi angélique qu’il n’y paraît. Elle a ses détracteurs. La running ne parvient pas à se défaire de son étiquette de basket de cailleras qui ont trouvé avec cette paire l’excellent complément au survêt Lacoste. Une association toxique pour les 2 marques vous dira un marketeux. Il est indéniable que des gens se soient écartés du modèle en raison de cela. Cette histoire est l’arbre qui cache la forêt. On assiste à un phénomène véritable générationnel. Les filles (avec un 501 retroussé jusqu’au dessus des chevilles…) comme les garçons l’adorent. Si le produit est bon, le prix n’est pas un problème. Les aficionados de la TN n’hésitent pas à sortir 800 francs. Nike tient sa poule aux œufs d’or. Foot Locker qui possède l’exclusivité se frotte les mains. Les coloris s’enchaînent. Nike distribue les gifles. Chaque nouveauté est un événement (Rainbow, Lightning….). L’effet Kiss Cool n’est jamais très loin d’un énorme succès. Tout le monde veut sa part du gâteau. Des shops recourent à l’import pour s’approvisionner. C’est le cas d’une boutique métro Ledru Rollin. On s’approche ou dépasse les 1000 milles francs. Il faut faire souffrir son portefeuille pour être beau. Les contrefacteurs ne tardent pas à sentir le filon. Les fausses Requin affluent aux Puces de Clignancourt (en même temps que ces imitations Double Goose avec un Swoosh). Un prix battant toute concurrence est un argument qui fait mouche. Chez Nike et Foot Locker, on rigole moins. Les contrefacteurs ne font pas qu’imiter, ils « innovent ». L’illégalité permet de s’affranchir de bons nombres de contraintes. Les TN avec « un imprimé exotique » pullulent. C’est alors que surgit la Air Max Plus Burberry. A cette époque, les marques de luxe n’aiment pas trop le mélange des genres jugé néfaste pour l’image. La sneaker reste confinée à la culture urbaine. La démocratisation, c’est pour plus tard. Malgré elle, la Air Max à l’imprimé écossais casse les codes. Elle brise les barrières, ce qui la rend subversive. Si au début des années 2000 la Requin Burberry constitue le comble du mauvais goût, l’ère que nous vivons actuellement la réhabilite. Encore plus à l’heure des collaborations et des paires customisées Supreme x Louis Vuitton.

Nike Air Max Plus Burberry - @neunundsechzig

Nike Air Max Plus Burberry - @vincentlabas

Photos : @vincentlabas & @neunundsechzig

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