Avant toute chose, rappelons une vérité fondamentale : les sneakers contrefaites sont illégales. En porter présente des risques. Elles ne répondent pas forcément aux normes de fabrication. Ni sur la qualité, ni sur la sécurité. Et personne ne sait dans quelles conditions elles ont été produites. Exploitation des travailleurs, matériaux douteux… On navigue en eaux troubles. Pire encore, les réseaux de contrefaçon financent parfois le crime organisé. Les bénéfices générés alimentent parfois des milieux mafieux aux activités bien plus sombres.
Pourtant, selon l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, 29% des Français âgés de 15 à 24 ans achètent sciemment des produits contrefaits. Ce chiffre a doublé depuis 2019, où il s’établissait à 14%. La tendance s’est emballée. Et la sneaker suit le mouvement.Un changement radical s’opère dans notre rapport à nos baskets.
Des puristes aux pragmatiques
Historiquement, un véritable sneakerhead abhorre la contrefaçon. Rien n’est plus grave à ses yeux que de porter des fausses. « A mort le fake ! » Cette aversion justifie la pratique du « legit check » pour authentifier les paires. Pour un puriste, porter une fausse Jordan équivaut à un sacrilège. Une offense impardonnable envers la culture sneaker tout entière. Nuançons toutefois ce tableau. À la fin des années 90 et au début des années 2000, certains passionnés achetaient délibérément des Nike TN Burberry, Gucci, Lacoste ou Vuitton contrefaites. Où ? Aux Puces de Clignancourt.
Cette évolution des mentalités ne date donc pas d’hier. Mais elle s’amplifie aujourd’hui de façon considérable.
Pourquoi acheter des fausses sneakers ?
Plusieurs facteurs expliquent l’attrait croissant pour les contrefaçons. Le premier tient au prix et à la disponibilité des modèles originaux. Certaines paires coûtent un SMIC en revente. Chez les lycéens notamment, l’achat de fausses sneakers répond à un besoin d’image. Certaines éditions limitées confèrent un véritable prestige dans les cours de récréation. Avoir une paire hype, ça booste le statut social. Le système des raffles et des drops rend des paires quasi impossibles à obtenir au prix retail. La frustration et le manque de moyens poussent vers des alternatives moins légales.
Des copies de plus en plus convaincantes
Les contrefacteurs ont réalisé d’immenses progrès techniques. Ils ont affiné leur jeu. Les répliques sont parfois bluffantes. Leurs produits ressemblent désormais étonnamment aux originaux. Un fan peut ainsi s’offrir une fausse Travis Scott x Air Jordan 1 presque indiscernable. Et ce pour une fraction du prix pratiqué sur les plateformes de revente comme StockX. Une fausse Yeezy peut passer crème, même aux yeux d’un amateur.
Les réseaux sociaux ont considérablement amplifié ce phénomène. Commander des sneakers fake est un jeu d’enfant. Snapchat, Telegram, TikTok… Tout est à portée de clic..
Quelles solutions pour les marques ?
Pour les marques comme Nike Sportswear ou adidas Originals, le manque à gagner se révèle considérable. Une solution pourrait résider dans l’augmentation des quantités produites pour les éditions limitées. Éviter la frustration et la flambée des prix en resell. Mais la rareté fait aussi le mythe. Alors, dilemme.
En définitive, la sneaker contrefaite sort progressivement de sa clandestinité honteuse. Aujourd’hui, tout le monde ne joue pas avec les mêmes règles. La sneaker, c’est un peu comme une raffle : parfois, c’est du 100 % legit, parfois, c’est un tirage truqué.
2 Travis Scott x Air Jordan 1 Low : l’une est une vraie, l’autre est une fausse…. oui mais laquelle ?
Photo de la couverture : @coolkicks
Source : France Info
