Asics Gel Lyte 3 Salmon Toe, Fresh Mint, Flamingo… Nous devons toutes ses collaborations à la maman de Ronnie Fieg. Le rôle des parents dans la naissance de la passion pour les sneakers est souvent occulté. Or, ces derniers ont le dernier mot et par conséquent exercent sans s’en rendre compte une énorme influence. A 10 ans, le futur patron de Kith veut une paire de Reebok Pump comme tous les garçons de son âge. Trop onéreuse, sa mère lui prend une Asics Gel Lyte 3 à la place. Au départ, il la déteste mais finit par l’adopter au point de la porter jusqu’à qu’elle ait un trou dans la semelle. Ronnie Fieg en veut une autre. Malheureusement, la Gel Lyte III n’est plus disponible. Une énorme frustration pour le jeune adolescent. Lorsque Asics l’approche à l’époque où il bosse chez David Z et lui présente plusieurs silhouettes, le modèle à la semelle fendue agit comme une madeleine de Proust. Vous connaissez la suite.
Le designer du Queens partage parfois des photos de son épouse sur les réseaux sociaux. A voir sa relation avec la Asics Gel Lyte de 1990, on serait tenté de parler d’un ménage à 3. Mitsui-San comme beau père, il y a pire, non ? RF prend soin de sa fille. Chaque collaboration correspond à un renouvellement des vœux. Depuis son premier projet en 2007, le pack David Z x Asics Gel Lyte 3 252, leur destin est entrelacé. Signe de sa relation singulière avec la marque japonaise, Kith obtient de temps à autre la distribution de coloris exclusifs, les Asics Gel Lyte III Kithstrike.
On ne le souligne pas assez mais Ronnie Fieg est un redoutable homme d’affaires. Son mantra « Just Us » devient « never mainstream » lorsqu’il est question de billet vert. Le New-Yorkais maîtrise parfaitement les rouages du marché de la sneaker. De grand frustré, il est passé à grand frustrateur. Sa méthode est toujours la même depuis 13 ans :
1/Un design ultra soigné
2/Un teaser qui embrase les réseaux sociaux quelques semaines avant la sortie de la nouvelle Asics Gel Lyte 3 RF
2/Des clichés de qualité et une maîtrise parfaite du story teeling (ses inspirations, le processus de production, le choix des matériaux…) quelques jours avant le lancement
3/Un stock volontairement sous estimé de manière à entraîner une rupture de stock rapide
Entre ses mains, la running qui fête ses 30 ans devient un objet de luxe. Investir dans une Asics Gel Lyte 3 RF, c’est être certain d’en avoir plus que pour son argent.
Une légende urbaine prétend que la Patta x Asics Gel Lyte 3 serait à l’origine du regain d’intérêt autour du modèle à la split tongue. Est-il possible de mesurer le rôle de Ronnie Fieg dans son succès commercial au début des années 2010 ? Quelle est sa véritable influence ? Un sneakerhead estimera que la Asics Gel Lyte 3 ne serait pas là ou elle est aujourd’hui sans l’entrepreneur américain. Cette affirmation comporte une part de vrai et de faux. En la premiumisant comme cela n’avait jamais été fait avant lui, Ronnie Fieg l’a propulsée dans une nouvelle dimension. Le resellers le bénissent jusqu’à présent tant ses collabs s’échangent à prix d’or (surtout les premières). Maintenant un constat s’impose. L’écrasante majorité des gens qui achète des baskets constitue une masse pour laquelle Ronnie Fieg est un illustre inconnu. Sa zone d’influence s’étend aux professionnels de la mode, la presse spécialisée et aux personnes s’intéressant de près aux sneakers. C’est déjà pas mal. Sa relation est gagnant-gagnant avec la firme de Kobe. Ces exclusivités lui ont permis d’asseoir la marque Kith. Les RF x Asics Gel Lyte 3 participe à l’écriture du storytelling. Toutefois, rappelons que les collaborations ne représentent qu’une goutte d’eau dans ce que les marques écoulent à savoir des millions de baskets. Ne les surestimons pas. La collab n’est qu’une strate dans la stratégie marketing globale d’une griffe de sportswear. Ce constat met à mal le principe ruissellement auquel de nombreux sneakerheads croient. Selon eux, les collabs produisent une hype autour d’un modèle telle que les ventes globales finissent par gonfler. Leur effet demeure marginal sauf lorsqu’on s’appelle Rihanna…..
Photo de la couverture : @justkalby